éclipse

Lorsque la lune, du bout de son nez, touchera le soleil,
Et que le noir s’épanouira dans le ciel,

Et l’on frissonnera dans le flottement du silence,
Les bouches bées, les pupilles, peu à peu, plus immenses ;

Lorsque la lune touchera le soleil
Et que les silhouettes de lui et d’elle,

S’uniront, leurs deux corps tout à coup tapissés –
Le sang sous notre peau, après des années de va-et-vient, pourra enfin s’arrêter.

On verra de part et d’autre des hommes s’allonger, brusquement. Afin d’hiberner.
Afin de laisser s’étendre leurs ombres et leurs yeux cernés

« Par-delà les idées de mal-faire et de bien-faire, [où] il y a un champ.
Lorsque l’âme s’abandonne dans cette herbe, le monde est trop-plein pour en parler. »

Lorsque l’on chutera dans cette trêve du temps
Qui nous est peu familière, qu’on refusera de contrôler,

Nous verrons les âmes de nos voisins danser, légères, aux alentours
Des bois dorés, des risières et des faubourgs.

Lorsque nos petits-dieux célestes se laisseront défaire de leur lumière astrale,
Enfin nous regarderons dans le miroir-noir de l’atmosphère, et sauront que les étoiles sont terre natale.

Nous céderons notre vie de vitesse
Et d’esprit assoiffé de richesses,

Laissant le bleu s’évanouir dans l’éther et avec lui, nos vanités.
Le lieu sacré entre nos yeux, auparavant plissé de mille pensées,

S’endormira, bercé, sous le chant de Rūmī,
Là où l’univers se défait des mots et nous éblouit d’alchimie.


Mercis. À Loqman, mon meilleur ami.

Une question pour vous. Est-ce que le dernier vers serait plus puissant si l’on modifiait « se défait des mots » par « se défait de son nom » ?