Le cœur de l’enfant
Est de peupler les peupliers
De petits personnages et
De les voir se promener
Le long du tronc, se hisser
À l’écorce, se baigner dans la sève ;
Et ainsi de les guider dans leur
Voyage – dans son rêve –
Jusqu’au sommet de la forêt,
Où les ailés les accueilleront
Dans le royaume
Des chansons.
Tandis que son papa y voit
Des chaises et des charpentes
À menuiser de mains aimantes,
Et sa maman, un feu de cheminée
Pour leurs corps encore glacés
De l’enneigement déjà passé.
Pourtant leur cœur n’est pas de givre :
C’est que le petit rêveur ne pourrait survivre
Sans les pieds-sur-terre des géants.
Mais eux, quand sonnera leur trêve ?
Pourront-ils vivre – vraiment –
Sans le songe ivre de l’enfant ?
Merci. Le poème s’appellait, à l’origine, « Rêve! ». Merci à mon amie Andrea, qui m’a récemment offert le Spleen de Paris de Baudelaire, où j’ai découvert et dérobé le superbe titre, Enivrez-vous.